Ne baisse pas les bras

Avis de nos lecteurs(trices)

Comment la volonté et la ténacité peuvent venir à bout du plus profond désespoir

“Dans la vie on ne fait pas ce que l’on veut mais on est responsable de ce que l’on est” écrivait Jean-Paul Sartre.

Ce deuxième roman de Flavie Berruer raconte l’histoire exemplaire de Gabriel, 50 ans, éducateur pour adolescents en rupture scolaire et sociale.

Époux et papa comblé, aimé et respecté de ses proches, amis, collègues et pensionnaires du foyer qu’il dirige avec son épouse Olivia, il vit un bonheur qui lui semblait encore inaccessible vingt ans plus tôt.

Dès sa plus jeune enfance, Gabriel est le témoin impuissant des violences conjugales exercées par son père sur sa mère, jusqu’au jour où survient le drame familial inévitable. Il n’avait alors que 7 ans.

Gravement blessé par les sévices corporels que lui a infligés son géniteur, traumatisé par la tragédie qui le laisse orphelin et meurtri par l’injustice de la vie, Gabriel est confié aux bons soins de Brice et Pauline, une famille d’accueil, dans l’espoir qu’il arrivera à se reconstruire un jour.

Avec le temps, les blessures physiques cicatrisent enfin et il peut de nouveau retourner à l’école pour tenter de reprendre une scolarité normale.

Malheureusement, malgré la gentillesse de Brice et Pauline, leur soutien et leur bienveillance à son égard, l’enfant se replie de plus en plus sur lui-même en leur opposant un mutisme total. À l’école en revanche, la haine, la violence et la souffrance contenues depuis tant d’années explosent littéralement.

Rapidement dépassés par le comportement ingérable de Gabriel, et impuissants face aux violences tant verbales que physiques sur ses camarades d’école, et à la peur qu’il inspire aux enseignants comme aux élèves, Brice et Pauline se voient retirer la garde de Gabriel qui sera placé dans un foyer pour enfants.

Il en connaîtra successivement plusieurs où les éducateurs et pédopsychiatres échoueront à instaurer un dialogue avec cet enfant mutique, violent et rebelle, et qui le déclareront incapable de se renconstruire et de retrouver une vie normale.

Une lueur d’espoir naît enfin dans cette période très sombre : sa rencontre avec Benoît qui dirige un foyer spécialisé pour adolescents en difficulté, et sa fille Olivia qui joueront un rôle déterminant dans sa vie future.

L’autorité bienveillante et paternaliste de Benoît et la douceur et l’attention que lui porte Olivia lui procurent un équilibre qu’il n’avait jamais connu jusqu’à présent. Peu à peu, il reprend confiance en lui et se livre enfin.

Il réfléchit même à donner un sens à sa vie.

Cette période bénie s’achève brutalement à sa majorité quand il doit quitter le foyer pour adolescents qui était devenu sa famille et où il avait tissé des liens avec les autres pensionnaires.

S’ensuit un parcours chaotique fait de malchances, de petits boulots, de galères, la rue, la drogue, l’alcool, une lente mais inexorable descente aux enfers.

En manque de repères, certain que tout est irrémédiablement perdu, il veut en finir avec l’existence. Sur le point de basculer dans le vide, le visage et les yeux d’un ange le raccrochent à la vie …

C’est un bel exemple de résilience que le récit de Gabriel qui se raconte à la première personne, avec les mots de Flavie Berruer, pour mettre des mots sur des maux.

C’est un livre utile, un livre thérapie pour des personnes comme Gabriel qui perdent l’espoir quand tout semble perdu et qu’elles sont sur le point de sombrer. Un livre qui démontre que l’on peut triompher de maintes épreuves, se relever et renaître à la vie.